Alfred Deller (1912 - 1979) chanteur anglais.
Depuis 1939 à Canterbury il chantait dans le Choeur de la célèbre Cathédrale comme alto solo.
Il avait commencé à chanter à l'âge de 7 ans avant de s'intéresser au violon. Epargné par la mue, il resta soprano mais dut se résoudre à devenir alto pour rejoindre les garçons de son âge et de sa taille.
Objecteur de conscience il se livre à des travaux agricoles pour participer à l'effort national.
En 1943 le compositeur Michael Tippett se rend à Canterbury pour la création des trois minutes polyphoniques de son motet "Plebs Angelica". Avant de se rendre à la crypte où se produit le choeur, il entend une voix d'alto masculine chanter "Music for a while de Henry Purcell. "A ce moment j'ai eu l'impression que les siècles remontaient leur cours" confiera-t-il plus tard.
Il décide alors de faire connaître la voix d'Alfred Deller.
Le public est stupéfait.
La consécration arrivera par la voie des ondes le 29 septembre 1946.
Tippett persuadé d'entendre Henry Purcell réincarné interpréter sa propre musique, le baptise counter-tenor.
Au 17ème siècle ce terme désignait une voix contre celle du ténor, juste au-dessus sans pour cela recourir à la voix dc fausset. Un ténor aigu, ce que les français appellent haute-contre et pour qui écrivaient Lully et Rameau.
Au temps de Purcell le contre-ténor se faisait entendre dans la musique sacrée, interdite aux femmes, et se produisait rarement sur scène.
Aujourd'hui on tend à différencier le haute-contre du contre-ténor : le premier est un ténor aigu utilisant la voix de poitrine, alors que le second sollicite la voix de tête, ce qui n'interdit pas le mélange des deux registres.
C'est grâce à la musique de Purcell que Alfred Deller se fait connaître.
Diseur autant que chanteur il ne pouvait que s'épanouir dans cette musique :
"Je ne connais aucun autre compositeur -Schubert peut-être- capable de disposer la musique non seulement avec intelligence, mais aussi avec précision au coeur du texte, expliquait-il. J'ai toujours aimé la poésie, les mots et leur sens. La musique de Purcell suit toujours le rythme du langage avec un sens poétique infaillible : il n'y a jamais une faute d'accent dans sa musique, alors que celle de Haendel, anglais d'adoption, en est truffée. Je pense qu'il n'est pas possible, pour les chanteurs, d'interpréter les airs de Purcell autrement qu'à travers les mots".
Le chanteur a plus travaillé par instinct que par science. D'ailleurs il se méfiait des musicologues qu'i soupçonnait de rechercher "une musique végétarienne" privée de saveur et de sensibilité.
(source : Classica mai 2012. Philippe Venturini)
OUVREZ GRAND VOS OREILLES :
Sa voix céleste et sa sensibilité nous emporte très haut et très loin.
Fanfanchatblanc